L’Intelligence Artificielle, l’IA. Tout le monde en parle, peu la maitrisent. Et pourtant elle est le marronnier du moment, la coqueluche des suiveurs de la tech, quelques mois seulement après la période Métavers.
Au-delà de ces bouleversements technologiques, qu’ils soient temporaires ou non, il est intéressant de se pencher sur la révolution que nous sommes en train de vivre. Elle est technologique et vient bousculer nos habitudes et modes de travail.

Pour notre métier, cette révolution est intéressante, riche de promesses. Alors qu’un aménageur mêle sens de l’organisation, planification, créativité et solidité, l’intelligence artificielle – pour en revenir à elle – a un vrai rôle à jouer, notamment durant la phase de conception.

Ces questions, nous nous les posons presque quotidiennement chez Level Up. A quel point les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, vont transformer notre métier ? Nos relations avec les clients ? Avec les partenaires ou prestataires ?

Récemment, c’est un cas client très concret qui s’est présenté à nous. Nous avons aménagé le siège de Kellogg’s France, au sein de l’immeuble Metal 57 à Boulogne. Outre les problématiques d’aménagement, de flux de circulation, d’usages, de nouveaux modes de travail, etc, nous avons géré la demande de branding des espaces.

L’identification de la marque Kellogg’s se décline en branding corporate (géré par la maison mère aux Etats-Unis) et le branding local, celui du pays laissé sous la responsabilité de l’équipe (la France dans notre cas).

Entretien avec Yann Azran, à la Direction de la Conception chez Level Up et en charge du Design sur le projet Kellogg’s :

Level Up : Bonjour Yann, quelle a été ton approche design pour ce projet de Kellogg’s ?

Yann Azran : Kellogg’s avait un objectif pour l’aménagement de leur nouveau siège français : il fallait que le branding soit à 60% similaire au branding global et qu’il comprenne une touche locale à 40%. Cette répartition n’est pas anodine, l’utilisateur ou le visiteur doit immédiatement savoir où il est, chaque espace public est donc charté dans cet esprit.

LU : Dans cette optique, Kellogg’s a fait une commande de décoration et peintures murales.

YA : Effectivement Kellogg’s a demandé à ce que cette identité transparaisse jusque sur les murs de leurs locaux. Et nous nous sommes immédiatement mis en réflexion, prenant des éléments architecturaux ou historiques nationaux pour distiller au fur-et-à-mesure de leurs espaces.

LU : Comment es-tu arrivé à utiliser l’Intelligence Artificielle ?

YA : C’était pour tout un pan de mur au niveau des alcoves collaboratives. Avec notre client, nous voulions partir d’un tableau de Brusk, tiré à 88 exemplaires et représentant notre Arc de Triomphe national. Quel autre monument, si ce n’est la Tour Eiffel, pour représenter Paris ? A ceci près que nous voulions ajouter à côté du monument un personnage emblématique de Kellogg’s et qu’il fallait insuffler un esprit « street art ».

J’utilise, en premier lieu par curiosité artistique une 1ère application d’Intelligence Artificielle. Je fais plusieurs essais, avec en tête ce même principe de l’Arc mais en style graffiti et dripping.

Les premiers drafts constituent des pistes de développement intéressantes, l’Arc de Triomphe est représenté dans une explosion de couleurs. A ces côtés France & Pop, nous nous devons donc d’y rajouter l’ingrédient Kellogg’s.

L’intérêt de ces applications est que l’IA génère plusieurs versions, à partir desquelles on peut travailler en fonction de nos ajustements textuels. Ainsi, nous arrivons au fur-et-à-mesure au résultat final : un papier peint en brique l’Arc de Triomphe et le Tigre, personnage de Kellogg’s que chacun connaît, en train de tagger.

En complément de l’IA, je reprends la main afin d’en faire une œuvre originale et non une copie.

 

LU : Qu’est-ce que t’a apporté l’IA ?

YA : Clairement le fait de pouvoir générer plusieurs versions, plusieurs variantes, de l’Arc avec un cahier des charges attendu.

En tout, ce sont plus de quarante variations ont été sorties, en 45 secondes par version. C’est un gain de temps et de productivité. Nous n’avions plus de limite, dans un laps de temps très court.

LU : Est-ce que l’IA sera une aide dans ton métier ?

Oui si l’on est précis.

Il faut une certaine technique de rédaction pour que la demande soit la plus précise possible. L’intérêt en revanche est que l’IA ne sort jamais deux fois la même image. On a donc une grande variété dans les œuvres proposées.

A partir de ce que l’IA génère, on peut ensuite affiner ou compléter les variantes.

Évidemment, l’IA peut nous faire gagner beaucoup de temps sur la conception et sur l’orientation que l’on peut soumettre à un client. Elle fait office de brainstorming, elle va interpréter et nous donner des propositions. Elle est une boîte à idées illimitée à partir de laquelle on va varianter.

LU : Quelles sont les limites de cet exercice ?

 YA : Le fait que ce soit aléatoire peut être une limite, à moins que l’on sache précisément ce que l’on veut.

Et puis l’IA n’est pas forcément très précise, c’est-à-dire que sa production peut être floue s’il n’a pas appris. Moins il est nourri moins bien il interprète.

D’ici 1 an ou 2 cela peut être phénoménal !

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